Interview exclusive
avec le couple Sultan

Jombelek : En tant que cofondateurs de Clocks and Architecture avec Virgil, quel « code » caché dans ses archives vous a le plus surpris lors de votre curation, et comment fait-il le lien entre la mode, l’architecture et la musique ?

Chloe Sultan : Qu’est-ce qui nous surprend le plus ? Oui.

Aucun objet en particulier, juste tout ce qu’il a catalogué et conservé, de ses créations uniques les plus précieuses aux croquis qu’il réalisait, par exemple, sur son billet d’avion. On le savait, mais trouver tous ces objets et le voir en personne était toujours une agréable surprise je dirais.

Mahfuz Sultan : Oui, j’essaie de penser aux objets qui ont surpris plus tard les gens, notamment le sac-taie d’oreiller.

Chloe Sultan : Oui, oui, exactement. Merci beaucoup. Merci de l’avoir partagé. C'est bien, comme on l'a dit, Shannon, Ablo, sa femme, sa compagne, elle a catalogué ces archives en privé avec l'intention de perpétuer son héritage de transparence radicale, d'ouverture, de générosité et de partage avec le monde. Et donc, en travaillant avec elle sur le sujet, on a dit qu'on aimerait que les archives ne soient pas fermées.
On veut qu'elles soient ouvertes, comme si elles étaient en train de se transformer. Donc, pour revenir à Shanon, après l'annonce de l'exposition, de nombreuses personnes ayant travaillé à Portville pendant des années nous ont contactés pour nous dire : « J'ai ceci, j'ai travaillé avec lui. J'ai ceci, et ainsi de suite.» On a maintenant des choses dans l'exposition que d'autres ont apportées et que nous avons trouvé le moyen de mettre en scène, car l'objectif est de réunir tout le monde et de discuter ensemble de cet héritage.

Mahfuz Sultan : Un ami nous a appelés pour nous dire : « Pouvez-vous me laisser une place dans l'une des boîtes ? J'ai un sac-taie d'oreiller que personne n'a, mais qu'il pourrait avoir.». Exposer ce sac-taie. Comme la taie d'oreiller que j'apporte ici. Je l'apporte simplement… et il était lui-même, n'est-ce pas, dans l'œuvre. Oui, il avait les archives. Il se trouve que notre ami était là quand il l'a créée et il a dit : «Prends-la.» Et il y a beaucoup de choses comme ça. C'est ce qui m'a surpris. L'énorme quantité d'opportunités… Donc, on est plutôt content du système d’exposition.

Jombelek : Question suivante : l'exposition transforme le matériel en dialogue culturel. Pouvez-vous me présenter un objet spécifique (par exemple, un prototype) qui incarne la philosophie open source du « Jeu Libre » de Virgil ? Vous avez déjà répondu avec le sac à oreillers et ce genre de choses, ou pouvez-vous ajouter quelque chose.

Mahfuz Sultan : Open source… a en quelque sorte montré la vélocité de l'open source… Bon, un exemple serait… Non, non, c'est une bonne question. Un exemple serait le mobilier Ikéa, n'est-ce pas ? Bon. Ce sont des réinterprétations, des réinventions d'œuvres iconiques et modernistes, par genre, de Lucusier, et l'objectif était de les démocratiser, de collaborer avec la tech et de les rendre abordables. Comme n'importe quel étudiant pourrait acheter ces objets et les avoir chez lui, ils utilisent du bois OSB, que vous pouvez acheter dans votre quincaillerie locale. C'est creux, comme la lampe Corbusier originale qui était en béton. Ce n'est qu'un métal rouillé bon marché. Et c'est fait avec de simples boulons que vous pouvez acheter chez vous. Donc, n'importe quel enfant qui veut apprendre à concevoir sa propre chaise pourrait apprendre à concevoir une chaise en regardant celle-ci.

Chloe Sultan : Ce ne sont que quatre pièces d'une série. J'ai lu des choses qui sont comme des joyaux rares du monde moderne. Rares, exactement.

Mahfuz Sultan : On parle généralement de pouvoirs vivifiants. Extrêmement cher, extrêmement rare. Exactement, extrêmement rare, extrêmement difficile à… On peut le réinterpréter grâce à des matériaux démocratiques, des matériaux performants, et en partenariat avec Ikéa, qui est emblématique, non ? Donner accès à du design exceptionnel à tous. Et puis, comme vous l'avez dit, dans le design, on peut voir comment reconstruire, même sans être un designer spécialisé. Il y a aussi les règles pour apprendre à le faire soi-même.
Inconnue : Alors, qu'en est-il d'Orange pour Jean Prouvet ?

Mahfuz Sultan : C'était à l'origine une chaise Jean Prouvet. C'était un projet pour Vitra… Et c'était un projet pour V. C'est un prototype. D'accord. Et le produit fini est en bas des escaliers du pavillon, quand on entre. Il est juste là. C'est un produit fini. C'était un prototype. Merci beaucoup.